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mardi 9 avril 2013

Rhône trop bas, péniches échouées, mais à qui la faute?

Week-end d'hiver, on se réveille avec la désagréable sensation d'avoir trop bu ! ça penche et on trébuche au sortir du lit... Damned, il n'y a plus d'eau dans le Rhône, les bateaux sont posés sur une plage, que dis-je, une dune !
Quelle est l'origine de ce dysfonctionnement sur le Rhône Lyon intra muros ?


•    L'ensablement d'abord, qui a de multiples causes dont la résolution permettrait de limiter la progression. 
Petite analyse historique: En 1987 des dragages intempestifs dans le chenal d’origine du Rhône pendant près de 2 ans ont eu des conséquences imprévues : le bris des digues sub aquatiques construites le siècle dernier pour diriger le courant vers le centre du fleuve et éviter les contre-courants; la création de fosses profondes (15 à 17m alors que le lit normal au centre du fleuve est de 10m au maximum);  la disparition du lit de graviers au fond du lit du fleuve au profit d’un lit de sable volatil ; la création de tourbillons de courant dans ces fosses et donc de contre-courants vers les bords du fleuve. Le sable se dépose donc en bordure et s'accumule. Plus il y a de "dunes" de sable, plus le courant faiblit et plus les sédiments se déposent...


 


-       Une baisse radicale du niveau d’eau du fleuve : en hiver, la Compagnie Nationale du Rhône fait turbiner ses barrages pour produire plus d'électricité (surtout les week-end). De ce fait, le niveau du fleuve descend au minimum de la norme de l’étiage : côte NGF 162,50 m,  alors que les bateaux flottent à 162,52 NGF
-       Des crues (et décrues) particulièrement lourdes en sédiments: les crues en se retirant, déposent leurs sédiments, d’autant plus que le niveau d’eau revient TRÈS bas (162,50 NGF) en sortie de crue. Il n’y a plus de courant pour pousser les sédiments vers le large; de plus, des chasses de nettoyage des barrages provoquent un  afflut de sédiments qui partent dans le courant (ces chasses ont été nombreuses et longues, particulièrement en 2012)
-       La présence d’obstacles en fond de rivière et à proximité des berges : piles de pont très larges avec enrochements proches du bord, parfois issus d'anciens ponts détruits;  présence d'épaves et divers obstacles le long des berges : divers tuyaux et déchets importants, barrières métalliques, vélos etc...
Nota : ce qui flotte ne forme pas obstacle à moins d’être très proche du fond.

Pour éviter cet ensablement des berges, il faut donc draguer.  Ces dragages sont normaux tous les 10 ou 15 ans environ: un fleuve, ça s'entretient. 
Mais sur le Rhône Lyon intra- muros, en raison des causes analysées ci-dessus, la nécessité de dragage est devenue plus fréquente. 
Il faut aussi noter que plus on attend pour résoudre ces dysfonctionnements, plus le sable s'accumule en ralentissant le courant et plus l'ensablement progresse de façon exponentielle ! Le sable appelle le sable!

Les solutions pour espacer les dragages qui coûtent cher à la collectivité :
faire procéder à une étude bathymétrique et hydrologique, décrivant les phénomènes et causes avec précision
supprimer ou enterrer plus profondément les principaux obstacles posés au fond : tuyaux,  déchets divers, enrochements inutiles et autres épaves
veiller à ce que les niveaux d’eau ne baissent pas brutalement en dessous de la norme de flottaison des bateaux
combler les fosses avec du gravier ou des galets (pas du sable !)
nettoyer les bas des piles de pont et s’assurer que le courant passe entre la berge et la pile la plus proche de la berge en enlevant les obstacles qui s’y opposent.

Le Grand Lyon, concessionnaire de la partie du Rhône intra-muros s'arrache les cheveux. L'analyse pourtant simple ci-dessus ne parvient pas à les convaincre d'agir.
Dommage! Un si beau lieu que sont les berges du Rhône, fleuron urbanistique de Lyon, devrait retenir plus d'attention et d'égards...