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jeudi 18 février 2021

Un bateau éco-responsable à Lyon - l'expérience de Camille

Ça faisait bien 6 mois que nous proposions à Camille Bajot, de relater son expérience de bateau éco- responsable.

Ce matin, nos rencontrons Camille pour qu'il nous raconte son histoire et sa démarche.

ENVIE D'AILLEURS- ENVIE D'EAU

Le projet de Camille date de bien longtemps!

Originaire de St Nizier d'Azergues, Camille très tôt a au fond de lui cette "envie d'ailleurs" et de liberté.

Alors d'abord, il voyage. Beaucoup. Dans plein de pays : Gibraltar, le Maroc, Londres, Hong Kong, le Qatar, Athènes, Afrique du Sud, Caraïbes, la Barbade etc... où il organise des évènements dans les domaines du sport et produit des contenus engagés pour des documentaires video. Bref, il explore!

Après cette première vie d'itinérance, il rentre à Lyon à la naissance de son fils avec ce qu'il appelle son "envie d'eau". Acheter un bateau est la réponse !

Mais pas n'importe lequel... Il ressent ce besoin d'être en phase avec son éveil à l'écologie, née de son intervention lors de la COP22 au Maroc et de partage d'un lieu de vie et d'activités.


UN BATEAU COMME LIEU DE VIES

Une annonce de la vente d'une barge le fait passer de l'envie à la réalisation.

En 2015, il achète le "Tonton Jacques" et le petit bateau en bois qui lui est attaché à couple, le Cali. Au départ, la barge Tonton-Jacques n'est qu'un ponton permettant d'accéder plus facilement au bas port pour le bateau Cali. Le précédent propriétaire l'avait petit à petit aménagée avec des matériaux de récup, ce qui plait bien à Camille.

Mais ce lieu lui donne des idées: en faire un lieu de vies, un tiers-lieu écolo. Alors il prend son crayon...

 

les premiers crayonnés

DU RÊVE À LA RÉALITÉ: UN BATEAU ÉCOLOGIQUE EXEMPLAIRE

Il rencontre des architectes, des artisans, un compagnon charpentier naval; répond à un appel à projet de la SPL Lyon Confluence "Eureka Club", le remporte avec 2 autres lauréats; crée une association d'abord Ek-Eau Studio, puis "Le Maquis" dont il donnera le nom à son bateau...

Pourquoi passer de "Tonton-Jacques à "Le Maquis"? Évident! Le maquis, en Afrique, c'est justement le nom d'un lieu qui fait société.

Le travaux peuvent commencer.

D'abord avec un projet architectural original dans lequel la beauté des formes devra être en osmose avec le projet : un lieu écologique à énergie positive.

Puis le choix des matériaux tous entièrement naturels et recyclables: une ossature bois pour les superstructures, une isolation bio-sourcée : granulats de liège pour le sol, fibre de bois pour les murs, ouate de cellulose pour les plafonds,  larges vitrages à contrôle solaire.

L'isolation réalisée, il passe au choix des énergies, renouvelables bien sûr!

Pour la production énergétique, les 18 panneaux photo-voltaïques sont dimensionnés pour couvrir la consommation annuelle. En réalité, sa production de 6 Megawatt/h se révèle excédentaire grâce à l'isolation et au contrôle des consommations, ce lui permet d'alimenter son petit bateau-logement à propulsion électrique amarré à couple du Marquis et dans un proche avenir, une borne pour un véhicule électrique.

Avec une pompe à chaleur réversible air/air labellisées A+ pour le chauffage et A++ pour le rafraichissement, la sobriété et le confort sont assurés.

Le tiers-lieu est ouvert en 2019 et lui sert de logement ainsi que de refuge pour ses initiatives associatives et entrepreneuriales. 

Le Maquis est né et à son bord le bateau logement à propulsion électrique de Camille

Le Comité de Pilotage du Collectif les Péniches de Lyon y est toujours le bienvenu pour notre plus grand plaisir.

 

LES FUTURS PROJETS?

Il reste encore des progrès à faire et Camille y est attentif.

• Une éolienne et une hydrolienne sont envisagées afin de développer la production électrique en hiver et viser l'autonomie énergétique. Mais ça attendra un peu car l'investissement est couteux.

• Un dispositif pour recycler les eaux usées et ne produire que des rejets propres (eaux brunes et grises). Le choix d'un des systèmes déjà étudiés par un cabinet d'études mandaté par l'ADHF-F (Association Nationale De l'Habitat Fluvial France) - est en attente à Lyon. Pour cela, une étude sera co-pilotée par VNF et la Métropole. Le Collectif les Péniches de Lyon en sera un des acteurs associés. Il faudra en effet zone par zone, bateau par bateau, étudier et sélectionner les systèmes les plus adéquats, entre le raccordement au réseau d'égouts, ou les barges de réception et de traitement par phyto-épuration, ou les systèmes de traitement embarqués (mini stations d'épuration individuelles par bateau).  Voir le rapport de l'étude ADHF-F ici: voir ici: https://www.adhf-f.org/pdf/Rapport_final_sepial.pdf.

• Des ateliers, débats, projections de documentaires, expos grand-public qui seraient installées en partie sur les quais afin que chacun puisse être sensibilisé aux impacts écologiques et la transition énergétique.

• Un livre en préparation "un voyage de barge" qui relatera les détails de cette aventure.

 

Camille sur son bateau (photo Laury Caplat)

Le Maquis, une expérience inspirante, que le Collectif les Péniches de Lyon suit avec attention et que certains autres bateaux du Collectif, sont déjà en train de reproduire.

Parce que l'eau sous toutes ses formes et notre environnement naturel sont nos biens communs et doivent être protégés.

 

PS: Camille tient à vivement remercier, une nouvelle fois, tous ceux qui ont cru au projet et contribué d’une façon ou d’une autre à sa réalisation !

 

jeudi 1 octobre 2020

Interdiction d'hiverner dans la darse pour les petits bateaux habités !

 

Interdiction d'hiverner dans la darse pour les petits bateaux habités !

Mais oui au remisage de bateaux vides... discrimination de la part de la Métropole?

 

Ce 21 Septembre 2020, le nouvel élu en charge des fleuves à la Métropole a refusé l'amarrage dans la darse Lyon-Confluence, à deux petits bateaux-logement adhérents au Collectif Les Péniches de Lyon, 10 jours avant leur entrée supposée dans la darse le 1er Octobre, alors qu'ils y hivernaient depuis 2014.

Malgré nos argumentations irréfutables, il est resté figé sur ses positions: pas de bateau habité dans la darse.

Aucune solution alternative n’existe sur les rives de Lyon et de sa Métropole, la darse de Confluence est la seule infrastructure laissant des places inoccupées tout au long de l’année pour les petits bateaux.

Il faut savoir que l'hiver (du 1er octobre à fin avril), la darse Lyon-Confluence, seule halte fluviale sous gestion de la Métropole, est quasi vide.

Ces petits bateaux-logement qui naviguent ou vont passer l'été dans un port privé, sont des lyonnais-es qui travaillent, vivent et scolarisent leur enfant dans le quartier de la Confluence.

Chaque année depuis 2016, le Collectif les Péniches de Lyon devait négocier pour qu'ils puissent obtenir l'autorisation de s'y amarrer d'Octobre à Mai comme le prévoient les textes de la gestion de la darse. Une fin heureuse était toujours trouvée en faveur de ces bateaux habités.

Cette année, malgré les nombreuses demandes écrites, aucune réponse n'ayant été apportée et le premier octobre étant tout proche, le Collectif les Péniches de Lyon a de nouveau rencontré avec la Métropole, l'incompréhension étant à son comble.

La réponse fut sans appel: "c'est non". À nos questions mainte fois répétées: "pour quelles raisons" aucune réponse claire n'a été apportée, sinon que la darse n’avait jamais eu vocation à recevoir des bateaux habités !

A cela s’ajoute :

Des supposées "nuisances sonores" dont les détails et plaignants ne nous ont pas été communiqués. Pensez-vous vraiment que deux bateaux habités l'un par un couple et l'autre par un couple avec un enfant de 4 ans seraient bruyants au point de déranger les habitations des immeubles voisins ? Laissons donc de côté ces supposées nuisances sonores qui ne sont pas crédibles.

L’évocation d’un "projet politique" en cours a également été évoquée.

De quel projet politique peut-il bien s'agir? Là aussi, mystère, aucune réponse n'ayant été apportée.

Et pourtant, la dernière délibération du conseil de Métropole de décembre 2019 spécifiait que des autorisations pouvaient être accordées pour l'hivernage des bateaux (avec les tarifs, les dimensions de bateaux etc). Le règlement de la darse prévoit cette même possibilité.

Les délibérations passées seraient-elles niées par le nouvel exécutif ? Aurait-il une animosité particulière envers cette forme d'habitat alternatif ?

Quelle sont les réelles raisons de cette incompréhensible décision sans concertation, quelques jours avant l'ouverture supposée de la darse le 1er octobre pour les hivernages?

Les arguments en faveur de cet hivernage de bateaux habités (non limités à ces deux bateaux) sont pourtant nombreux pour la Métropole:

- une redevance de 1800€ par bateau pour 7 mois, que payent chacun des bateaux à la Métropole, puisque la présence des bateaux est bien prévue et soumise à une Autorisation d’Occupation Temporaire payante. La Métropole n'a donc pas besoin d'argent?

- d'autre bateaux (commerciaux) ont reçu une autorisation à l'année... Deux poids, deux mesures? C'est donc de discrimination dont il s'agit là...

- le fait d'être sur le bateau est une garantie que celui-ci est en sécurité. En l'absence de surveillance de la darse en hiver, qui va surveiller les bateaux non habités?

- assurer la sécurité lorsque quelqu'un tombe à l'eau la nuit ou encore quand un des bateaux entreposé là, se met à gîter dangereusement suite à une avarie que personne ne pouvait constater sinon un autre bateau habité... Expériences vécues!

- apporter un peu de vie à ce quartier et à cette darse, vide en hiver, sinon les quelques bateaux commerciaux et de tourisme sans personne dessus ni surveillance. N'est-ce pas une bonne chose pour les habitants et les commerces du quartier?

- la participation active au traditionnel "coup de balai dans l'eau" du Collectif les Péniches de Lyon, auquel sont associés 19 associations, pour nettoyer la darse ses nombreux déchets qui la polluent et auquel la Métropole n'a jamais participé. N'est-ce pas une preuve que nous prenons soin de la darse?

 

Le Collectif les Péniches de Lyon, qui réunit une centaine de péniches d'habitation et d'activités sur Lyon (Saône et Rhône) soutient totalement ces deux petits bateaux et souhaite que la darse puisse s'ouvrir de nouveau, dans la mesure de ses capacités, à d'autres bateaux habités en hiver, plutôt que de rester désespérément vide. Cela apporte des ressources financières à la Métropole et garantit que la vie sur l'eau existe encore, même en hiver.

Un recours gracieux a été lancé auprès de la Métropole, le Défenseur des Droits a été saisi, la Mairie du 2ème est informée (la Confluence est un territoire du 2ème arrondissement), une pétition a été lancée (en ligne : https://www.change.org/desbateauxhabitésdansladarse

et sur papier en porte à porte ainsi qu'auprès des comités d'habitants).

Des actions de soutien sur les réseaux sociaux ainsi que sur place, vont démarrer dans les prochains jours.

Le nouvel éxécutif de la Métropole de Lyon avait-il vraiment besoin créer ce conflit inutile?

lundi 5 novembre 2018

Mais combien ça coûte de vivre sur une péniche?

Quand vous avez un nouveau visiteur sur votre péniche, il vous pose généralement 3 questions:
- en ouvrant une fenêtre, interloqué: "et quand l'eau monte?". Réponse : "euh heureusement on est dans un bateau et un bateau... ça flotte!" 😂
- "mais c'est pas humide?". Réponse: "ah oui bien sûr, quand il y a un trou dans la coque, c'est embêtant..." 😂😂
- "et ça coute combien d'habiter une péniche?"
Cette question là mérite une réponse argumentée. C'est le but de cet article.

Le coût à l'achat. 
Si vous achetez une vieille péniche de transport réformée (base Freycinet), le prix d'achat du bateau n'est pas très important (de 40 000 à 60 000€ avec permis communautaire, selon l'état, la motorisation et l'ancienneté), ce à quoi il faudra ajouter les travaux d'aménagement. 
À cette étape, c'est comme aménager une maison qui n'aurait que ses 4 murs, pas de fenêtre et un toit. Donc ma réponse sera imprécise car tout dépend ce que vous voulez faire (cloisonnement, nombre de pièces, portes et ouverture de fenêtres dans la coque, isolation, chauffage, cuisine etc.., comme une maison). Mais comptez un minimum de 300 000€ (hors décoration et mobilier) sauf si vous faites tout vous même.
Si vous achetez une péniche déjà aménagée à son  emplacement AVEC COT, comptez entre 450 000 et 550 000 selon les travaux à faire ou non.

Mais à l'heure actuelle, si vous souhaitez vous installer à Lyon avec votre bateau, trouver un nouvel emplacement est IMPOSSIBLE. Tout simplement parce qu'il n'y en a pas, les bateaux actuels se trouvant très bien là où ils sont et VNF n'ouvrant pas de nouveaux emplacements pour des bateaux logement.
Ceci étant dit, si vous trouvez une péniche à vendre ayant déjà un emplacement, pensez à demander au vendeur le "titre de navigation" (navigant ou établissement flottant non motorisé) qui prouve que le bateau a bien passé l'expertise décennale (à flots et à sec) et a reçu son certificat par les autorités compétentes ainsi que la mention de sa durée. Donc qu'il est aux normes. Indispensable pour obtenir une COT***** et pouvoir être assuré.

Le coût à l'utilisation (base bateau type Freycinet)

Donc voilà, vous avez votre bateau en bonne et due forme et vous êtes amarré à Lyon.
Quels sont les frais auxquels vous aurez à faire face ?
• chaque année:
- L'assurance: selon la valeur d'expertise assurée du bateau, comptez entre 2000 et 3 000€/an
- La COT (ou AOT avant 2019 pour certaines zones encore sous concession Métropole) : 4 500 à 5000€/an selon les zones, toujours pour un bateau de type Freycinet (38,5mX5,05), puisqu'une partie du calcul est proportionnel à la surface du bateau.
-  Taxe d'habitation (si vous ne naviguez pas) : 1000 à 1 700€ selon les zones (cette taxe devrait disparaitre)
-  Vignette VNF de l'annexe si navigante: 250€/an et 410€ pour le bateau si il navigue
Total: environ 9 000€/an chaque année

• Tous les 5 ans:
- sortie de l'eau en cale sèche ou sur slipway, pour carénage, contrôle et entretien. Cette visite n'est pas obligatoire, mais très vivement conseillée. Notez qu'un chancre* met 5 ans à se créer... 
Si vous ne découvrez pas de travaux à effectuer (doublages, travaux de soudure, couronnements de rivets, remplacement d'anodes**), vous pouvez vous contenter d'un bon carénage et peinture. 
Cela comprend le passage au nettoyeur à haute pression 500 bars de toute la coque (et surtout des oeuvres vives***) suivi de 3 couches de brai**** ou d'époxy si votre bateau est déjà sous époxy. Le nombre de couches dépend de la fréquence des sorties.
Au total (location de la cale ou du slipway + carénage et peinture oeuvres vives), comptez environ 5 000€ à 6000€ et une semaine d'immobilisation.

• Tous les 10 ans:
La visite expertise décennale en vue du renouvellement du titre de navigation.
Donc 5 000€ à 6000€ pour la même chose que lors de la sortie quinquennale (toujours si aucun travaux de soudure, couronnement de rivets ou doublantes ).
Plus : le changement des anodes (une douzaine en général): environ 600€ (posées)
Plus : l'expertise
- D'abord hors d'eau (visite à sec) pendant que vous êtes en cale sèche ou sur le slipway : plan de sondage des épaisseurs de coques, vérification des aparaux (ancre, guindeau, gouvernail, hélice, évacuations d'eaux). 
Environ 2 000€ déplacement de l'expert inclus.
- Puis à flots (vérification de la conformité des équipements aux normes européennes en matière de sécurité sur 47 points de contrôle; vérification de la navigabilité du bateau). 
Environ 1 500€ déplacement de l'expert inclus.
Total visite décennale: 10 000€ environ

Toujours si vous n'avez aucun travaux à faire ce qui est fort improbable au bout de 10 ans. Pour information, une doublante de 4mX1X0,8, sa soudure et une couche d'anticorrosion coute environ 1 500€. Donc à rajouter éventuellement.


En synthèse en ajoutant tous ces couts et en les ramenant à l'année, partez sur une moyenne de 11 000€/an de coûts d'entretien (sans travaux particuliers), soit ramené au mois 917€.

Oui, habiter une péniche c'est pas donné, ne vous y trompez pas!


* chancre: nodules de corrosion qui se forment sur le métal. Sorte d’abcès apparaissant généralement en chapelet sous la ligne de flottaison et pouvant perforer la coque. Un carénage tous les 5 ans permet d'anticiper sur la formation des chancres
** anodes: les anodes dites sacrificielles servent à protéger la coque métallique du bateau contre la corrosion, qui se manifeste par une électrolyse lorsque deux matériaux sont plongés dans un liquide conducteur (l'eau). L’un des deux matériaux joue le rôle d’anode l’autre de cathode. La coque étant en métal (cathode) l'anode sera dans un matériau "doux": le zinc essentiellement. C'est elle qui sera la plus sensible à la corrosion et la concentrera sur elle.
*** oeuvres vives: Les œuvres vives d'un navire sont la partie immergée de la coque, par opposition aux « œuvres mortes », qui désignent tout ce qui est au dessus de l'eau
**** brai: Le brai de houille ou de pétrole est un résidu pâteux de la distillation du goudron, du pétrole ou de la résine. Il est solide à température ordinaire. Dilué peut être passé au rouleau, voire même au pistolet sur une coque. Mais c'est un produit très polluant! Il existe maintenant des brais écologiques dits brais-époxy plus onéreux (300€ le pot de 25L), mais très efficaces, aussi étanches à l'eau et présentant une élasticité plus importante qu'un simple primaire époxy. Attention, pour passer une époxy complète à la place du brai, il faudra mettre le métal à nu et donc le sabler. Notons qu'au slipway de Lyon, le sablage est interdit et le brai écologique imposé (pour des raisons de pollution du fleuve en respectant la loi sur l'eau).
***** COT: Convention d'Occupation Temporaire du domaine public. Cette Convention, passée avec le gestionnaire du fleuve (à Lyon VNF-Voies navigables de France) vous donne le droit d'être amarré à l'emplacement désigné et équipé et ouvre le paiement d'une taxe d'amarrage (tarification VNF nationale comprenant plusieurs critères de calcul)

dimanche 25 mars 2018

Ode à l'eau

Une belle chanson de Florent Pagny en hommage à l'eau.
https://www.youtube.com/watch?v=GaKODFQQbKI

Et quelques vues des péniches du Rhône !









mardi 20 février 2018

Un dragage en hiver

Un fleuve, ça s’entretient, c’est normal. Comme une route ou un trottoir.
Les sédiments s’amoncellent naturellement sur ses bords, au gré des crues, des « chasses » de barrages en amont et des périodes de basses eaux qui déposent leurs charges  alluviales quand les barrages en amont retiennent l’eau. Petit à petit, des plages se forment et les bateaux amarrés finissent par se retrouver posés sur cette accumulation sablonneuse.

C’est pourquoi tous les 10 ans au moins, il est nécessaire de procéder à un dragage complet des bords du fleuve. Pour que les bateaux puissent flotter en liberté, mais aussi pour éviter qu’une crue dite centenale ne fasse des ravages en inondant la cité, le fond du fleuve étant « réhaussé » par les sédiments accumulés (mesurés selon les repères NGF).

Les organismes en charge de cet entretien sont soit VNF (Voies Navigables de France), soit les Collectivités qui ont demandé une concession sur leur territoire fluvial. C’est le cas du Rhône rive gauche à Lyon, sous concession de la Métropole de Lyon.

Cette rive gauche du Rhône ayant bénéficié d’un aménagement remarquable appelé « berges du Rhône », elle reçoit des péniches stationnaires de logements ou d’activités qui louent leur emplacement sous forme d’AOT  à la Métropole, devenue leur concédant.

Le devoir du concédant, c’est justement de mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour que les bateaux flottent.

Ceci est l’histoire vécue du dragage décennal programmé en 2017.




Un 6 Novembre 2017, sur une péniche du quai de Serbie …

Réunion générale sur le Sylphe, l’un des 16 bateaux concerné par le dragage décennal complet du Pont de Lattre jusqu’au pont Lafayette. Preuve que ce dragage tant attendu s’annonce pour de bon !

Sont présents, nous tous,  propriétaires des 16 bateaux concernés regroupés depuis plus de 25 ans en association, l’ARAHF (Association Rhône Alpes de l’Habitat Fluvial).

S’y ajoute le Directeur de Maïa Fondations, l’entreprise de dragage sélectionnée selon l’appel d’offres de la Métropole de Lyon.

Et bien sûr les services de la Métropole en charge des fleuves.

L’organisation et le cahier des charges sont précisés. L’objectif est de redonner une profondeur de 2 mètres d’eau sous les bateaux à l’aplomb des ducs d’Albe, selon une pente depuis la berge de un pour un.

Les études bathymétriques ont confirmé et repéré les lieux des différentes accumulations de sable et donc le cubage à enlever.

Les analyses ont montré que les sédiments étaient aux normes écologiques en vigueur et pouvaient être rejetés dans le fleuve.

Les autorisations de l’État ont été reçues via la DREAL.

Bref, tout est en ordre pour les travaux.



Nous sommes juste un peu dubitatifs sur les dates retenues pour ce dragage, l’hiver n’étant certes pas la saison la plus propice pour ce genre d’exercice !

Nous évoquons les crues possibles, le froid, les intempéries… et à l’annonce que nos bateaux devront se déplacer deux par deux DE NUIT pour libérer leurs emplacements et se mettre à couple des bateaux suivants, afin de laisser place à l’atelier de dragage dès le lendemain matin, les mines se renfrognent.

Ce n’est pas un problème, nous répond la Métropole ! Une fois son emplacement dégagé pour être dragué, chaque bateau pourra retrouver son emplacement initial le lendemain ou surlendemain soir… Et puis, leur argument massue: les fonds ont été votés pour 2017 donc il faut les utiliser avant décembre 2017...



Dans l’absolu, cela devait se passer ainsi.



Nous hésitons entre l’inquiétude et le mécontentement.

Las ! Ce dragage ayant été l’objet de tant d’échanges de courriers comminatoires, de réunions épuisantes d’incompréhension, de  chantage à l’expulsion, de négociations interminables pour finir par l’acceptation de notre part d’une augmentation de 50% des taxes d’amarrage destinées à financer les travaux d’entretien du fleuve, sans compter la contrainte imposée d’avoir à assumer la responsabilité et le coût du déplacement de chacun de nos bateaux…

Nous n’avons encore une fois pas le choix !

Donc le calendrier et les conditions sont acceptées, pour un démarrage le 4 décembre et une fin programmée le 20 décembre…



Dans l’absolu, cela devait se passer ainsi.



Les négociations se poursuivent les jours suivants.

Compte tenu de ces difficiles conditions imposées pour les déplacements de nos péniches (de nuit et en hiver), nous convenons de nous faire déplacer par pousseur pour ne pas prendre de risque. Ce serait donc l’Iroise, le pousseur de Maïa Fondations qui convoierait chaque soir deux bateaux, pour libérer deux emplacements.

Les bateaux déplacés seraient mis à couple avec les bateaux plus en aval, le dragage se faisant d’amont vers l’aval.

Et de nouveau la même manœuvre pour remettre les bateaux à leur place, une fois leur emplacement dragué.



Dans l’absolu, cela devait se passer ainsi.



Mais qui dit pousseur, dit capitaine du pousseur. L’ingénieur travaux de Maïa Fondations déclare ne pas avoir de capitaine sous la main.

Nous formons immédiatement un petit groupe qui se mobilise pour rechercher un capitaine diplômé sur Lyon disponible pour le planning prévu du 4 décembre au 20 décembre.

Sa mission serait double :

-piloter l’automoteur-clapeur de Maïa, l’Albatros, pendant la journée en faisant des allers-retours depuis la berge pour charger les sédiments que la pelle mécanique creuse, et les déposer dans les fosses sub-aquatiques repérées dans le chenal du fleuve où il « clapera » son chargement.

-déplacer deux bateaux chaque fin de journée afin de libérer les emplacements pour le lendemain matin en les mettant à couple de la péniche voisine puis les remettre à leur place une fois leur emplacement dragué. Ceci pour 16 bateaux.

Soit un temps de travail de quelques 12H/jour !

En une après-midi, 10 capitaines de la région sont contactés et leurs coordonnées envoyées à Maïa Fondations pour contractualisation.



Dans l’absolu, cela aurait pu se passer ainsi.



Mais voilà que le lendemain, l’ingénieur travaux  de Maïa annonce qu’il a trouvé de son côté un capitaine dans le nord de la France ! Il le connaît et a décidé de faire appel à lui.

Une demi-journée perdue en recherches inutiles, mais nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur, l’essentiel étant d’avoir enfin trouvé ce fameux capitaine.



Reste le coût des déplacements qui pour rappel, sont à la charge des bateaux. Un premier prix est annoncé. Jugé trop élevé au regard des recherches faites la veille, nous décidons de refuser le prix demandé.

La négociation est âpre. Il s’agit en effet de payer à la fois les frais d’utilisation du pousseur et la rémunération du capitaine, ceci pour le déplacement aller et retour des 16 bateaux.

Un accord est finalement trouvé. L’ARAHF sera l’organisme centralisateur des paiements.

A ce point de l’aventure, le calendrier est encore possible pour un démarrage le 4 décembre.



Dans l’absolu, cela devrait se passer ainsi.



Les premiers jours du dragage.

Les deux premiers bateaux ont été déplacés le dimanche,  veille du 4 décembre, date officielle de démarrage du chantier. Ils ont été mis à couple des deux suivants en aval. Nous avons pu faire connaissance du capitaine et du pousseur Iroise. Le courant ( !) est bien passé, le manège des chaises musicales peut commencer !

Ce lundi 4 décembre à 8H, chacun d’entre nous surveille la mise en route de la pelle mécanique… qui n’a pas l’air de bouger ! Un problème technique s’annonce déjà, le premier jour !

Le déplacement du soir est annulé.

Le chantier, supposé reprendre 2 jours plus tard, sera de nouveau stoppé par un autre problème technique.

Tout le planning est chamboulé. Nous aménageons nos agendas tant bien que mal.

En effet, ce ne sont pas seulement les bateaux déplacés qui sont concernés, mais  tous les autres occupants,  l’entraide étant indispensable.



Un déplacement nécessite du monde et donc de la solidarité !

Déplacer un bateau, ça paraît simple… Ça paraît !

En réalité, il faut être suffisamment nombreux pour assurer des tâches précises :

d’abord une personne à bord du pousseur qui amarre le pousseur au bateau à convoyer, puis guide le capitaine qui ne voit rien de rien, le pousseur étant beaucoup plus petit et bas que la péniche qu’il transporte. Après un premier essai, ce « matelot » d’un soir est prestement équipé d’un talkie-walkie (que nous fournissons), pour être en communication avec la personne placée à la proue du bateau convoyé. C’est elle qui fera office de vigie en indiquant les distances et la position, au « matelot » posté à l’avant du pousseur qui les transmet ensuite au capitaine pour ajuster ses manœuvres.

4 personnes sur le quai qui tirent la passerelle (parfois selon les bateaux très lourdes et longues), puis détachent du quai l’une après l’autre les amarres qui vont rester sur le bateau, en suivant les ordres du capitaine et enfin récupèrent celles qui restent à terre.

4 personnes à bord du bateau convoyé, pour libérer la passerelle, déconnecter l’eau et l’électricité au duc d’Albe et conserver au moins deux amarres à bord.

Ces mêmes personnes auront mission de ré-amarrer le bateau, une fois celui-ci arrivé à destination (soit à couple de la péniche voisine accueillante, soit à son emplacement au retour).

Enfin, sur le bateau accueillant, deux personnes pour aider à l’amarrage du bateau accueilli à couple et préparer les branchements électriques et eau afin de relier rapidement la péniche accueillie.



Donc au total, une bonne dizaine de personnes doivent être mobilisées chaque soir, équipées de parka, bottes,  gilet de sauvetage, gants épais seuls acceptables pour manipuler des cordages trempés et des filins d’acier bien raides.

Tout cela de nuit et dans le froid mordant de décembre, il faut être motivé !

Une organisation dont on acquiert au fil des soirées les postures, réflexes et compétences.



Alors, en fin de travail aux environs de 20H, autant dire que le pot de l’amitié est attendu avec impatience ! Il y a toujours un de nos bateaux volontaire pour recevoir tout ce monde.

Le capitaine est toujours présent et bien accueilli lors de ces fins de journées harassantes pour nous mais encore plus pour lui qui travaille de 8H le matin à 20H le soir sans interruption ou presque. Ce capitaine, résidant à l’extrême Nord de la France, est hébergé pendant la durée du chantier par un de nos bateaux qui s’est porté gracieusement volontaire.



À signaler la bonne idée de la Métropole de nous fournir deux coffrets-raccords électriques permettant de brancher deux bateaux à couple sur la même prise d’arrivée de l’électricité au duc d’Albe.

Dommage cependant que les câbles soient si lourds, rigides et donc pratiquement in-manoeuvrables sinon par au moins 3 personnes bien costaudes. De plus la lourde prise mâle doit être tenue à bout de bras pour être reliée à celle, femelle, du duc d’Albe, à 2 mètres de haut.

Dommage aussi que les prises ne soient pas parfaitement adaptées à celles des ducs d’Albe. Ces branchements ont été posés par la même Métropole via EDF il y a 10 ans lors de l’aménagement des Berges du Rhône, mais avec des prises et des positionnements de phases différents d’un duc d’Albe à l’autre, ce qui rend leur branchement complexe, nécessitant adaptation et réorganisation des phases.

Mais disons que l’intention était bonne !

Notre « tuto » sur le branchement volant d’une péniche sur l’autre sera cependant bien utile à tous ceux qui ont abandonné l’idée d’utiliser ces fameux coffrets !



Le dragage au quotidien

Pendant la journée, la pelle mécanique creuse le sable et attend le retour de l’automoteur-clapeur pour le remplir à nouveau.

Ou pas !

Nous observons en effet que le conducteur de la pelle (qui se trouve être aussi le chef de chantier), continue à creuser les sédiments entre deux voyages du clapeur et les remet un peu plus loin au large. Le bras de sa pelle étant assez court, il ne peut les remettre dans le courant et les sédiments mis en suspension risquent de revenir en peu de temps sur le bord.

Nous intervenons pour lui demander d’attendre le retour du clapeur pour le remplir. C’est vrai qu’il perd du temps à attendre les aller-retours du clapeur si (trop !) vite rempli…

Nous en concluons que le matériel utilisé est sous-dimensionné, tant au niveau de la pelle que de la contenance du clapeur.



Dans l’absolu, cela ne devait pas se passer ainsi.



Ô crue, ô désespoir !

Fin décembre, l’eau commence à monter, le débit s’accélère, une crue est annoncée. Les déplacements des bateaux deviennent bien vite impossibles. Ils sont remis à leur place en urgence malgré la demande de Maïa qui souhaitait finir cette portion avant les fêtes.

21 décembre. Le chantier devrait être terminé, mais seuls, les emplacements de 5 bateaux sur les 16 ont été  dragués.

L’atelier de dragage descend en aval du pont Morand, laissant deux péniches partiellement draguées en amont.

Le chantier est provisoirement arrêté pour les fêtes de Noël et devrait reprendre le 2 janvier.



Dans l’absolu, cela ne devait pas se passer ainsi.



Compréhensive pour la trêve de fin d’année, l’eau attend début janvier pour se remettre à monter inexorablement.

Le 6 Janvier, elle atteint 2,94m (NGF) et un débit de 2 800 M3/s. A partir de cette date, le planning revu  et re-revu change d’un jour sur l’autre, le chantier ne pouvant redémarrer qu’à un débit de moins de 1000M3/s.

La nature a repris ses droits et nous sommes à sa merci.

Un créneau se profilant entre le 11 et le 17 janvier, trois bateaux peuvent être déplacés, leurs emplacements dragués.

Mais une deuxième crue arrive, plus forte encore que la précédente. Les niveaux atteignent 3,37 mètres le 24 janvier et les débits dépassent les 3 000M3/s.

Le Bregel, (seul bateau s’étant déclaré autonome, son propriétaire étant détenteur du permis de navigation), est immobilisé à couple en amont du Pont Morand qu’il devra repasser pour redescendre à son emplacement en aval du pont.

À ces débits, c’est tout simplement impossible.

Plus en aval, deux autres péniches (le Baltazar en première position) sont coincées à couple, avec le pousseur en 3ème position. Trois bateaux de front pendant une crue, c’est plus que dangereux. Les amarres peuvent céder à tout moment. Le courant tire sur l’amarre principale (tire avant) du bateau accueillant et encaisse le poids des 3 bateaux. Impossible de doubler les amarres car les bas ports où sont fixés les anneaux d’amarrage, sont recouverts par 1,50 mètre d’eau.

Des cordages de sécurité sont placés autour des ducs d’Albe, qu’il faut régler en permanence selon la montée des eaux. Un tour de garde est organisé jours et nuits.

Nous sortons cuissardes et barques-annexes pour descendre à terre nous ravitailler. Les départs le matin pour aller travailler ainsi que les retours le soir sur les bateaux sont sportifs et nombreux sont les passants-spectateurs sur les ponts et les quais hauts pour nous observer, l’air désolé de nous voir galérer ! Certains d’entre nous décident de ne plus sortir de leur bateau de peur d’être emportés par le courant furieux sur le bas port !

Une passerelle a ripé d’une l’estacade tant le bateau sur lequel elle s’appuyait est haut et donc la verticalité forte. Elle pend lamentablement le long du bateau. La mobilisation du groupe permet de la récupérer avant qu’elle ne parte dans le courant.

La solidarité joue à plein régime d’un bateau à l’autre. Les pompiers du SDIS proposent leur aide et indiquent la procédure à suivre en cas de danger imminent

Et bien sûr, le chantier est stoppé.



Dans l’absolu, cela ne devait pas se passer ainsi.



Une fin de chantier dans le désordre absolu

Il faudra attendre le 30 janvier avant de pouvoir reprendre le ballet des péniches avec un planning de déplacements modifié au jour le jour, la crue redescendant lentement, lentement…

Chaque soir, un mail est envoyé aux bateaux par l’ARAHF, en prévision de la mobilisation du lendemain en journée ou en soirée. Ces mails quasi quotidiens sont complétés le matin par des SMS groupés qui donnent à chacun l’heure exacte des déplacements du jour, afin de mobiliser l’aide nécessaire.

Avec parfois des annulations de dernière minute…

Certains flanchent en cours de route quand la disponibilité trouve ses limites, d’autres réussissent à assumer indéfectiblement leur devoir de solidarité en acceptant de chambouler quotidiennement leurs agendas. Leurs patrons ou clients se montrent compréhensifs !

Et, le chantier se poursuit tant bien que mal.

Début février, la pelle mécanique termine à peine de draguer l’emplacement de la dernière péniche en aval, (une péniche restaurant surmontée d’une terrasse en étage qu’il n’a pas été simple de déplacer ! ). Puis elle remonte terminer le dragage les deux emplacements délaissés pour les fêtes de Noël, en amont du pont Morand.

Côté bateaux, on change d’emplacement pour laisser de la place à l’atelier de dragage ;

On veille à bien préparer sa péniche une heure avant l'arrivée du pousseur qui la déplacera, de façon à ne pas perdre de temps : amarres faciles à libérer, passerelles prêtes à être enlevées - le bateau Soleil renonce à enlever la sienne, trop lourde. Le bord ne sera donc pas dragué au droit de ce bateau pourtant très impacté par les sédiments ;

On accepte de vivre dans le noir avec une péniche collée à couple pendant 15 jours ;

On fabrique des réseaux électriques de fortune qui lâchent régulièrement la nuit (chauffage électrique, four ou machine à laver interdits !) ;

On répare au dernier moment un moteur qui a du mal à démarrer, le pousseur ne pouvant s’y amarrer en l’absence de bollards à babord ;

Le matériel (gaffes, raccords d’eau, tire-fort, amarres complémentaires) passe d’une péniche à l’autre, le temps d’un amarrage de fortune ou d’un déplacement « à la main » ;

On apprend, (souvent à ses dépens) à faire la bonne « clé » qui va assurer la tenue sécuritaire du cordage ou du filin d’acier sur les bollards ;

On bricole un coffret électrique en inversion de phases ;



Et le soir tard, on savoure les pots amicaux de fin de journée qui se font cependant plus rares en raison de la fatigue accumulée.

Exaspération, coups de gueule vite calmés face à la nécessité, au danger permanent et à la volonté de faire tout pour que le chantier se poursuive.

Ras le bol qu’un sourire estompe.

Remerciements esquissés comme une excuse.

La solidarité passe avant tout. La solidarité fait tout oublier.





Fin de chantier ? Vraiment ?

Le pot supposé de « fin de chantier » qui réunit les 16 bateaux est organisé le 8 février avec le capitaine. Une soirée conviviale où le bon vin coule à flots et où l’on se raconte en riant des histoires de… bateaux !


Mais deux péniches sont encore à couple. L’une, autonome, attend que le débit descende encore un peu pour revenir à sa place initiale.

Pour l’autre, lourdement lestée, la puissance moteur du pousseur n’étant pas suffisante pour la redescendre à son emplacement en aval de la passerelle du Collège, le capitaine refusera de prendre le risque de la convoyer. Il mettra le bateau en sécurité à couple sur le bateau voisin  pour libérer la place à celui qui pourra ainsi reprendre son emplacement initial.

Encore un problème de chaises musicales, pire que ceux des robinets qui remplissent les baignoires de nos souvenirs de CM2 !


Et il faudra encore attendre plusieurs semaines pour remettre en place ce dernier bateau toujours à couple du Balthazar, en appelant à la rescousse tous les capitaines de bateaux sur Lyon (dont Maïa avait décliné les offres au départ !) ainsi que le capitaine du puissant pousseur de Tournaud (concurrent de Maïa !)… hélas, vacances de scolaires obligent, la disponibilité des mariniers n’est pas au rendez-vous !

Histoire à rebondissements donc. mais on a finit par retrouver chacun notre emplacement... en Mars 2018! durée du chantier (qui devait prendre 15 jours): 4 mois!!!




En conclusion

Un dragage en hiver vu du côté positif : une expérience humaine inoubliable où les personnalités se révèlent dans l’adversité.

Un dragage en hiver côté embêtements, ils sont tellement multiples que, par expérience, évitez-le !

Absolument.
 
Bon, comme nous sommes plutôt sympa,  nous avons évité à la Métropole le "on vous l'avait bien dit", mais on n'en pense pas moins...



Parce que dans l’absolu, cela ne devait pas se passer ainsi !







 PS: Pour suivre ces aventures fluviales en images, voir : google photos